samedi 11 janvier 2003

Notes retrouvées qui avaient été écrites l'an dernier à l'occasion de l'exposition Paris-Barcelone


"Dali, dans sa période Derain est plutôt plat, sauf son beau portrait de Bunuel, digne d'un maître flamand. Avec le cubisme, enfin, on respire ! ça commence par un papier collé de Picasso, et puis ses paysages cubistes. A côté, Braque, Nature morte au violon. Peut-être vu ce qui les différenciait. Les formes de Picasso s'avancent hors de la toile, léger bombement, peinture convexe, celles de Braque, on a l'impression qu'elles se creusent en profondeur, peinture concave.

La dernière salle, la plus belle. Des études en noir et blanc de La guerre civile de Dali et de Guernica. Superbe portrait isolé, en noir et blanc, tête blanche sur fond noir, du cheval. Un cheval qui souffre le fait plus qu'un homme, c'est ce que Picasso a compris. Tout comme Le boeuf écorché de Rembrandt est l'absolu de la Crucifixion.

Naturellement, le musée ne vendait que des affichettes de l'insignifiant Miro, et rien de Picasso ! Pour savoir quelle est l'oeuvre la plus faible d'une exposition, il suffit de faire confiance à la RMN : c'est celle qui a été choisie pour la reproduction. Là, c'est grandiose : tasses Miro, bijoux Miro, foulard Miro, etc. Alors que des deux, c'est tout de même Picasso le vrai potier !

Il y avait Juan Gris aussi. Vrai maître, métier fin, vibrant, sensible. Ses compositions, c'est comme s'il les resserrait en leur milieu, les étranglant en deux éventails, inférieur et supérieur."

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.