mercredi 12 mai 2004


The "old shittrack"
Kyoto, 1970.


"Entre dans la forme, sors de la forme, et trouve ta liberté" disait le boudhisme shan de la Chine des Tang et le bouddhisme zen japonais. Toute création, je dirais même, toute existence digne de ce nom doit passer par ces trois étapes obligées et, pour moi, la liberté intérieure est bien la seule conquête qui vaille qu'on risque sa peau dans le "monde troupeau". Cette entre prise, toujours oérilleuse, revêt des formes multiples, et des écrivains comme kafka, Katherine Mansfield, Henry Miller (parmi tant d'autres) n'ont pas attendu le bouddhisme pour s'y lancer à corps perdu, ou ont fait du zen sans le savoir, comme Monsieur Jourdain, de la prose. L'ascèse sourcilleuse des monastères japonais comme la dure règle de la Chartreuse ou de la Trappe ne sont pas faites pour tout le monde. N'ayant pratiqué ni l'une ni l'autre, je me garderai d'en parler ici, mais je les ai côtoyées assez pour connaître des cas où le remède était pire que le mal, où j'ai vu des caractères, même de bonne trempe, détruits par l'aridité ou l'exigence de ces disciplines. Religieux amers et défroqués, apprentis bouddhistes coincés "dans la forme" comme dans le canon d'un fusil, ne voulant pas jeter l'éponge, n'osant plus faire un pas, ni se retourner sur eux. Même si le bouddhisme zen est, à en croire H. Blyth qui sait vraiment de quoi il parle, "le plus grand trésor de l'Asie", il y a d'autres accès à la connaissance et d'autres "moyens libératoires". L'érotisme pour la philosophie tantrique, l'opium pour Thomas de Quincey, l'absinthe de Verlaine, la marche pour Rimbaud, la mer pour Conrad. A chacun de trouver son Sésame. Et aucune loi céleste n'oblige à choisir le plus ingrat."


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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.