samedi 28 mai 2005

Ricoeur

Je ne connaissais pas avant qu'il meurt, mon inculture en philosophie (euh... occidentale) est phénoménale, autant qu'en cinéma(euh... occidental aussi). Mais depuis sa mort, on en parle en long et en large sur France Culture. Ce matin, rediffusion chez Finkelkraut de son émission. Confirmation de ce que j'ai pu glaner toute la semaine : ça ne m'inspire guère, alors que trois mots de Jankélévitch sur cette même radio m'avait happée. Je me demande pourquoi. Je me demande si je ne suis pas avant tout sensible aux voix, plus qu'aux propos. La façon dont c'est parlé, qui serait comme la qualité sensible de la qualité intrinsèque.

Enfin, sur le pardon, le devoir de mémoire, il est tiède. Non, trop compact, sans levain. Trop raisonnable aussi, bien médiocre, alors que sur ces questions de pardon et d'oubli, Jankélévitch a eu la sagesse d'être déraisonnable, passionné, intransigeant, mais du coup, logique. On pardonne ou on ne pardonne pas, mais quand on choisit de se remémorer sans cesse, on ne passe pas l'éponge. J'adore Jankélévitch pour cette espèce de folie. Ce type m'émeut profondément. Peut-être à cause de son incapacité à pardonner, c'est-à-dire cesser de souffrir en se remémorant, non pas volontairement donc, mais parce que c'est comme cela, en lui, comme une sensibilité furieuse, qui correspond à ce que je vis dans la fidélité amoureuse, non pas un devoir corseté "j'y suis j'y reste et j'en suis fière", non pas l'incapacité à surmonter un "trauma" (explication psychanalytique, donc vraisemblablement fausse à 80%), mais autre chose, un je ne sais quoi, un presque rien, qui fait que l'on demeure à soi.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.