samedi 1 juillet 2006

Widerstehe doch der Suende


L'air de la Cantate BWV 54 : si l'on écoute que la musique, on entend une effusion tendre, une retenue souriante, un abandon confiant. Et pourtant les paroles sont : "Résiste donc au péché", rien à voir, avec l'Homme armé dans le ton, même si le message est le même... Parfois je me demande si le Cantor n'était pas un peu piétiste sur les bords...




Comparant les interprétations de Deller et d'Andrea Scholl, je sais pourquoi celles du premier sont si bouleversantes : c'est qu'il chante vraiment religieusement, en y croyant, au moins le temps de son interprétation. Quand il chante l'agnus dei, c'est lui ce souffle qui va s'arrêter dans quelques heures, quand le ciel va gémir et tonner. Andrea Scholl, par exemple dans le stabat mater de Vivaldi, a toujours sa belle voix, velouté, aisance gracieuse, mais je n'y entends pas cette émotion au premier degré, qui me fait penser aussi à Gustav Leonhardt quand il joue les Sonates de Kuhnau, et qu'avant chacune d'elle, il récite les introductions : "Der Streit zwischen David und Goliath", lance-t-il solennellement. Et de continuer avec la même intonation, simple, fraîche, d'une gravité presque enfantine, naïve en tous cas. Car il ne s'agit pas d'être intelligent ou au-dessus de ça, il s'agit de croire à ce moment là que "Das in der Schrift abgemahlte Portrait des grossen Goliath ist was seltzames..." Et puis il s'assoit et commence à jouer, comme le faisaient les maîtres de chapelle, comme un simple office dominical, mais de toute sa conviction.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.