dimanche 11 février 2007

De l'hospitalité berbère


"La plupart des Berbères qui vivent dans la région comprise entre Sidjilmasa et le Sus, Aghmat, Fès, les cantons de Tahert, Ténès, Masila, Biskra, Tobna, Baghay, Akirbal, Azfun, les environs de Bône, Constantine-de-l'Air, le pays des Kotama, Mila et Sétif, sont hospitaliers pour les voyageurs et leur procurent des vivres. Une partie d'entre eux ont des moeurs détestables : ils se livrent eux-mêmes à leurs hôtes en manière d'hommage, sans en avoir aucune honte, les plus hauts placés et les plus beaux d'entre eux se comportent en cela comme les plus humbles dans leur prostitution à leurs visiteurs ; il leur arrive même d'insister. Le missionnaire Abu Abd-Allah infligea à certains des peines sévères, mais malgré les plus dures corrections, ils n'abandonnèrent pas ces pratiques."

"La ville de Sétif est très productive : proche de Mila et de Masila, elle est aussi voisine de Constantine. Les autochtones berbères ressemblent à ceux que nous avons mentionnés pour leur accueil hospitalier et la prostitution de leurs enfants : permission leur fut donnée par le missionnaire Abu Abdallah de prostituer leur progéniture aux hôtes de passage. J'ai appris d'Abu Ali ibn Abi Sa'id que pour témoigner au maximum leur affection envers leurs hôtes ils ordonnaient aux petits garçons de noble famille et d'illustre lignée de partager la couche des invités pour leur permettre de se livrer à des turpitudes et de se plonger dans le péché. Parfois la passion d'un individu quelconque se satisfait avec un chevalier réputé et brave : l'homme de peu ne se prive de rien, voyant à cela un geste honorable et glorieux et jugeant que l'abstention serait une marque de mépris. Nous ne constatons pas cette coutume chez les Kotama de Sétif ni d'ailleurs : ils ne la tolèrent pas et n'estiment pas convenable d'y faire même allusion. Les Kotama de cette région sont chiites, et c'est de leur milieu que surgit le missionnaire Abu Abd-Allah, qui conquit le Maghreb."

Ibn Hauqal, Kitab surat al-Ard, Le Maghreb, trad. Kramers & Wiet.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.