vendredi 21 décembre 2007

Secret des origines, origines du Secret

"Le distique produit ensuite (G.R. 547) semble parler de tout autre chose : "Qu'en fut-il dans la prééternité, ô homme ignorant, pour qu'en ce bas monde celui-ci fut Muhammad et celui-là Abû Jahl ?" Le lien est pourtant décelable, si l'on remonte au thème de la connaissance spirituelle de l'Imâm, indiqué dans les paragraphes précédents. De cette connaissance il a été dit que l'âme entre en sa possession par droit d'héritage sans effort de l'intellect rationnel ni intermédiaire d'un maître humain. Chez chaque être, chaque "héritier" plutôt, elle est fonction d'une capacité innée dont il est impossible de justifier rationnellement la présence chez les uns, l'absence chez les autres. Elle rentre donc dans le secret de la prédestination : l'acte de cette connaissance est antérieur à l'homme qui fut créé pour elle. Le secret qui confère à tel ou tel être humain la capacité d'une perception théophanique de l'Imâm, est donc le secret même de sa prédestination, de son heccéité éternelle. Il le faut d'autant plus que la connaissance de l'Imâm, de l'Âme de l'âme, est la connaissance qui libère et ressuscite ; c'est le secret de Salmân, de l'"adopté de l'Imâm" (la suprématie de l'Imâm symbolisée dans la séquence des lettres 'ayn, sîn, mîm), ce secret dont il est dit que si Abû Dharr le connaissait, il lancerait l'anathème (takfîr) contre Salmân ou même voudrait le tuer."

"Il n'y a pas deux théophanies identiques. La théophanie est en fonction de l'heccéité éternelle, c'est-à-dire de l'aptitude ontologique fixée par une limite intransgressable. C'est pourquoi la théophanie varie en fonction des réceptacles. Toute individualité qui a une capacité plus grande de manifester les perfections de l'acte d'être de l'Être divin, est plus proche du Principe. Et inversement. Il en va comme de l'apparition de la lumière du soleil traversant les vitraux qui diffèrent en couleur et en pureté, en forme et en épaisseur."

Trilogie ismaélienne, trad. et commentaire Henry Corbin : "Le Mont Sinaï et l'olivier", V, § 17-28, 1, La connaissance spirituelle de l'Imâm.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.