jeudi 18 septembre 2008

Le sanctuaire de Jam-Karân


"Par un tardif et splendide automne iranien (1962), au terme d'une journée passée au village de Kahak, dans une haute vallée de la proche montagne, là où Mollâ Sadrâ Shîrâzî avait cherché refuge pendant une dizaine d'années dans la solitude, nous eûmes occasion de nous rendre à Jam-Karân avec deux chers compagnons iraniens. L'un d'eux était celui dont nous rapporterons plus loin pour finir, le récit d'un songe témoignant, s'il en était besoin, de l'intense présence de l'Imâm inscrit dans le sol un splendide défi que la foi dans les Invisibles porte à notre époque, il semble que tout soit possible. Dans ce paysage silencieux et immense, des récits comme ceux que nous proposons au cours de ce chapitre, prennent une toute autre évidence que lorsque nous les lisons dans nos pays, dans le tumulte de nos villes, ou à proximité de nos grand' routes. Dans le désert, rien ne ressemble plus à une piste qu'à une autre piste. Ayant perdu notre chemin, l'un de nos compagnons interpella d'une voix forte un cavalier passant providentiellement à proximité : "Où est la route vers le sanctuaire de l'Imâm al-zamân (l'Imâm de ce temps) ?" Ces mots Imâm al-zamân, vibrant dans le silence de la grande solitude, pure de la pureté du ciel immense, donnaient soudain à celui qui est désigné ainsi avec tant d'espérance et de ferveur, depuis tant de siècles, la force d'un réel s'imposant le temps d'un éclair, mais bien réel... puisque nous étions tous les trois à la recherche du chemin vers lui, et que ce chemin on nous le montrait."

Henry Corbin, En Islam iranien, t. VII, "Le Douxième Imâm et la chevalerie spirituelle," chap. 2, Au temps de la Grande Occultation, 1, Le sanctuaire de Jam-Karân.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.