lundi 2 mars 2009

Palace of Living Arts, Buena Park, Los Angeles



"Le palace est placé sous l'enseigne de Don Quichotte (lui aussi est là, même s'il n'est pas un tableau) qui "représente la nature idéaliste et réaliste de l'homme : c'est pour cette raison qu'il est élu symbole du lieu". J'imagine que par "idéaliste" on entend la valeur éternelle de l'art ; par "réaliste" le fait qu'ici on peut satisfaire un désir ancestral, c'est-à-dire regarder au-delà du cadre, voir aussi les pieds du buste. Toutes choses que de nos jours la technique la plus élaborée de la reproduction par le laser, l'holographie, obient à partir du sujet réalisé exprès, et que le Palace of Living Arts réalise à partir des chefs-d'oeuvre du passé.

L'unique chose qui étonne est le fait que dans la reproduction parfaite de Portrait des époux Arnolfini de Van Eyck, tout est réalisé en trois dimensions, sauf la seule chose que le tableau représentait avec un surprenant artifice illusionniste et que les artisans du Palace auraient pu insérer sans aucun effort : le miroir convexe qui sur le fond restitue de dos la scène peinte, comme vue au grand-angle. Ici, au royame de la cire tridimensionnelle, le miroir est simplement peint. Il n'y a pas à cela de raisons plausibles sinon d'ordre symbolique. Face à un cas où l'art a joué consciemment avec l'illusion et s'est mesuré à la vanité des images à travers l'image d'une image, l'industrie du Faux Absolu n'a pas osé tenter la copie parce qu'elle aurait effleuré la révélation de son propre mensonge."

La Guerre du faux, Umberto Eco.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.