mardi 22 septembre 2009

Les Quarante des Alévis


Selon la légende, c'est au retour d'un voyage céleste, sous la direction de l'ange Gabriel, que Mohammed s'arrête chez les Quarante. Il frappe à leur porte où il est prié de décliner son identité.
"Je suis le Prophète", dit-il.
– Que tu sois Prophète n'intéresse que tes fidèles, lui rétorque-t-on.
– Je suis l'envoyé de Dieu, précise Mohammed.
– Nous n'avons pas besoin de l'envoyé de Dieu, lui répondent les Quarante.
– Je suis le serviteur des pauvres", insiste Mohammed, sur quoi les portes s'ouvrent.
Dans la pièce, trente-neuf personnes sont rassemblées. Mohammed s'assit à côté d'Ali, qu'il ne reconnaît pas, et demande :
–Qui êtes-vous ?
– Nous sommes les Quarante et Quarante ne font qu'un, répondent-ils d'une seule voix. Le Prophète, incrédule, demande des preuves. Ali s'entaille alors le poignet et tous se met à saigner.
– Mais vous n'êtes que trente-neuf", s'écrie Mohammed, sur quoi entre Selman-i Farsi, la main ensanglantée, apportant un seul grain de raisin dont Mohammed tire un nectar qui enivre les Quarante. Lui-même se lève et se met à danser le sema, son ruban, tombé à terre, se fragmente en quarante morceaux, chacun le noue en guise de ceinture et se met à tournoyer.
Catherine Pinguet, Les Alévis, bardes d'Anatolie.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.