samedi 31 décembre 2005

Le concept d'histoire


"Ce qui pour nous est difficile à comprendre est que les grandes actions et les grandes oeuvres dont les mortels sont capables, et qui deviennent le thème du récit historique, ne sont pas vues comme les parties d'un tout qui les enveloppe ou d'un processus ; au contraire, l'accent est mis toujours sur des cas singuliers et des gestes singuliers. Ces cas singuliers, actions ou événements, interrompent le mouvement circulaire de la vie quotidienne au sens où la bios rectiligne des mortels interrompt le mouvement circulaire de la vie biologique. La substance de l'histoire est constituée par ces interruptions autrement dit par l'extraordinaire.


Quand dans l'antiquité tardive des spéculations commencèrent sur la nature de l'histoire au sens d'un processus historique et sur le destin historique des nations, leur ascension et leur déclin, où les actions et les événements particuliers étaient engloutis dans un tout, on pensa d'abord que ces processus devaient être circulaires. Le mouvement historique commença d'être construit à l'image de la vie biologique. Dans les termes de la philosophie antique, cela pouvait signifier que le monde de l'histoire avait été réintégré dans le monde de la nature, le monde des mortels dans l'univers qui est à-jamais. Mais dans les termes de la poésie et de l'historiographie antique, cela signifiait que le sens antérieur de la grandeur des mortels, distinguée de la grandeur assurément plus haute des dieux et de la nature, avait été perdu."


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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.