samedi 14 janvier 2012


Vu Star Wars II. C'est quand même pas très palpitant. Le défaut de la science-fiction, par rapport à la fantasy, c'est qu'ils ne peuvent pas monter dans un véhicule sans expliquer le pourquoi du boulon et de la force électro-thermo-machin-chose autour d'eux. Comme si, dans la vie, un conducteur se croyait obligé d'enseigner le principe du moteur à explosion dès qu'il embarque un passager dans sa voiture. La fantasy, c'est plus réaliste, de ce point de vue : ça marche comme ça, et on ne s'interroge pas plus là-dessus que moi sur le fonctionnement de mon frigo.

Même défaut descriptif dans les romans historiques : cette manie de détailler chaque bouton de culotte ou chaque moulure de style, faisant de chaque scène un cours d'arts déco.

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crème de carottes, lait de coco, gingembre africain, piment, cuisse de chapon rôtie.

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rôti de chevreuil avec marinade au vin blanc, écrasées de pommes de terre à la truffe, un verre de Pessac-Léognan.

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Dévoré toute la soirée Un amour de Swann comme si je ne l'avais jamais lu, comme si je brûlais de connaître la fin, et en fait, oui :  Je découvrais une histoire palpitante dont je voulais savoir la fin. Sur une période de 20 ans, je n'ai jamais lu la même histoire, dans La Recherche. Question d'expériences :  en fonction de ce que l'on a vécu, ou fait vivre à d'autres, comme la lanterne chinoise dans la chambre d'enfant du narrateur, les histoires et les héros s'éclairent différemment.

Je n'avais d'ailleurs jamais noté que Swann était un ancien de l'École du Louvre. Il était temps de m'en apercevoir. 

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Parfois, dans ces périodes où je rêve beaucoup, des rêves qui ne me concernent même pas, je vois évoluer des personnages absolument inconnus, dans des intrigues compliquées qui ne sont pas moi. Je me demande alors s'il n'arrive pas qu'on puisse pêcher des rêves, dans le sommeil, à un vaste océan d'inconscients dormant de même autour de nous ; en bref, dans des concentrations humaines, rêver les rêves des autres, des rêves presque publiques, anonymes. En dormant, nous devenons peut-être tous des Little Nemo, au sens où Nemo c'est personne et tout le monde. 



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"C'est singulier, en littérature, la chose faite ne vous tient plus aux entrailles. L'œuvre que vous ne nourrissez plus, vous devient pour ainsi dire étrangère. Il vous prend de votre livre une indifférence, un ennui, presque un dégoût." Journal des Goncourt, 27 janvier 1859.

Allons, je ne suis pas seule à éprouver ça, presque la détestation de mes livres (et, en ce qui concerne, cela va plus loin, dans ma propre vie).

'On ne fait pas les livres qu'on veut. Il y a une fatalité dans le premier hasard qui vous en dicte l'idée. Puis c'est une force inconnue, une volonté supérieure, une sorte de nécessité d'écrire qui vous commandent l'œuvre et vous mènent la plume ; si bien que quelquefois le livre ne vous semble pas sorti de vous-même : il vous étonne comme quelque chose qui était en vous et dont vous n'aviez pas conscience.' Février 1861.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.